Dans le domaine de l’éducation, une approche novatrice émerge pour transformer la manière dont les étudiant·es apprennent et s’engagent dans le monde qui les entoure : le Challenge Based Learning (CBL). Cette méthodologie pédagogique vise à inspirer, motiver et habiliter les apprenant·es à relever des défis réels, en les incitant à explorer, collaborer et innover.
Le CBL met l’accent sur l’apprentissage par l’action, plaçant les étudiant·es au cœur du processus d’enseignement-apprentissage. Au lieu de se contenter de transmettre des connaissances de manière passive, les enseignant·es présentent aux élèves des défis significatifs et pertinents qui nécessitent une réflexion critique, la résolution de problèmes et la créativité.
Au cœur du CBL se trouve un défi authentique, souvent lié à des questions environnementales, sociales, économiques ou technologiques. Les étudiant·es sont encouragés à poser des questions essentielles, à mener des recherches approfondies et à collaborer avec leurs pairs pour concevoir et mettre en œuvre des solutions innovantes.
Une caractéristique clé du CBL est son approche interdisciplinaire. Les défis présentés aux étudiant·es peuvent couvrir une large gamme de sujets, intégrant des concepts et des compétences issus de différentes disciplines académiques. Cela favorise une compréhension holistique des problèmes et encourage les étudiant·es à appliquer leurs connaissances dans des contextes réels.
L’un des principaux avantages du CBL est son impact sur l’engagement des étudiant·es. En leur offrant la possibilité de travailler sur des projets concrets et significatifs, le CBL suscite un intérêt intrinsèque pour l’apprentissage, stimulant la curiosité, la motivation et le désir d’apprendre.
Les 9 et 15 février 2024 une quinzaine d’enseignant·es et d’ingénieur·es de l’école ont participé à deux après-midi de formation à cette démarche organisée par ce CSIP (Centre de soutien à l’innovation pédagogique) de l’UM.
Cela a été l’occasion d’expérimenter la démarche en grandeur réelle pour en dégager les atouts et les faiblesses comme l’inadéquation avec certains sujets, l’évaluation des étudiant·es plus complexe, l’engagement inégal des étudiant·es ou la complexité de mise en œuvre.
Le CBL développe des compétences essentielles pour le XXIe siècle telles que la pensée critique, la collaboration, la résolution de problèmes, la communication et la créativité. Ces compétences sont indispensables dans un monde en constante évolution, où la capacité à s’adapter et à innover est cruciale.
Enfin, le CBL favorise un apprentissage profond et durable.
En confrontant les étudiant·es à des défis réels, le CBL leur permet de
comprendre la pertinence et l’application pratique de ce qu’ils apprennent en
classe, renforçant ainsi leur apprentissage et leur rétention des
connaissances.
En conclusion, le Challenge Based Learning est bien plus qu’une simple méthode d’enseignement ; c’est une philosophie qui transforme la manière dont nous envisageons la formation. En plaçant les défis au centre de l’apprentissage, le CBL prépare les étudiant·es à devenir des citoyens engagés, des innovateur·rices créatif·ves et des leaders de demain.
Quel est l’intérêt du CBL par rapport à un apprentissage par projet qui est déjà largement développé dans nos enseignements ?
Elsa Ballini
Enseignante - Département Biologie et Ecologie
L’apprentissage par projet est très intéressant pour rendre les étudiant·es actif·ves dans leur apprentissage. L'intérêt d'un projet déterminé est qu'il laisse aux enseignant·es une grande latitude pour concevoir des activités à la fois hypothétiques et réelles. On connaît à l’avance le sujet car on l’impose et on peut organiser des cours et des visites en fonction de ce sujet. La différence avec l'apprentissage par défi est que l’étudiant·e doit choisir son propre sujet et résoudre un problème concret qui correspond à un territoire précis. Il ne s’agit plus d’un projet spéculatif « hors sol » ce qui permet à l’étudiant·e de résoudre un problème réel et de passer à l'action.
Souvent, les élèves résolvent un problème en classe et le projet final consiste simplement à parler de leur solution. Avec le CBL, il s’agit de les accompagner pour mettre en œuvre ou prototyper leurs solutions aux problèmes. Ainsi, on pourrait imaginer que les étudiant·es s'engagent chaque année sur des défis qui concernent notre campus, voire la mise en œuvre de transitions agroécologiques dans l'agglomération de Montpellier. L'intérêt de l'approche CBL est qu'elle peut engager un collectif vers l'action. Dans le premier atelier, nous avons donc vu comment faire émerger des idées qui puissent correspondre à la problématique de l’enseignant·e, mais qui soient bien émises par les étudiant·es. Comment les accompagner dans le processus d'idéation ? On est souvent effrayé en tant qu'enseignant·e de leur laisser la latitude pour cette prise de décision et il est vrai que sans accompagnement le processus est laborieux... En deuxième séance, nous avons acquis un outil d’évaluation afin d’identifier en quoi un module actuel (peut-être déjà basé sur l’apprentissage par projet) correspondait aux attentes du CBL afin d’identifier quelles seraient les marges de manœuvre pour faire évoluer ce module (ou non) vers plus de défis.
En conclusion entre l'approche par projet et le CBL mon cœur balance, chacun a ses spécificités et la mise en œuvre d'un défi réel n'est pas forcément nécessaire pour certains modules. Mais à l'issue de ces deux journées, je suis convaincue de l'importance de faire de la place pour un module de ce type pluridisciplinaire en première année pour engager étudiant·es et enseignant·es ensemble dans la transition écologique.